Association Technique Maritime et Aéronautique
Panorama maritimes > 2023202220212019-202020182017

L'Industrie Offshore

Contexte pétrolier et gazier

Le Brent s’établit en 2017 à 54 $/b en moyenne annuelle, en hausse de 24 % (+10 $/b) par rapport à 2016. Sous l’effet du rééquilibrage du marché pétrolier, de la politique Opep de gestion de l’offre et des tensions géopolitiques, il a dépassé les 60 $/b en fin d’année 2017. Les marchés anticipent un prix de 55 à 70 $/b pour 2018. Ces seuils évoluent en fonction des perspectives concernant la demande et le contexte géopolitique. Le niveau incertain de la production américaine constitue également un facteur important de volatilité du prix.

La hausse de la demande et la gestion de l’offre par l’Opep ont entraîné un recul marqué des excédents de stocks détenus par les pays OCDE. Ils ont globalement été divisés par deux entre le deuxième trimestre 2016 et le troisième trimestre 2017.

Un prix plancher de 65 $/b est estimé correspondre au coût de développement des pétroles conventionnels américains, des huiles lourdes (oil sand), ou des pétroles non conventionnels russes. Il correspond également aux développements les plus coûteux en mer profonde (Golfe du Mexique, Angola ou Brésil).

Plusieurs voix se sont fait entendre pour souligner les risques d’un déficit d’approvisionnement à terme lié à la baisse des investissements dans le secteur de l’exploration-production. Le recul a été effectivement spectaculaire, atteignant 25 % environ en 2015 et en 2016, soit une division par deux depuis 2014. L’enjeu est de savoir si cette baisse des investissements est compatible avec les développements futurs nécessaires pour couvrir à la fois le déclin naturel annuel de la production (2,5 à 4 Mb/j suivant les sources) et la hausse de la demande (1,5 Mb/j environ).

Les fondamentaux du marché gazier mondial ont suivi une évolution positive en 2017, en particulier en Chine où la croissance de l’offre et de la demande gazières ont dépassé les prévisions. La croissance de la consommation de gaz naturel a connu un ralentissement après 2010. De 2,7 %/an dans les années 2000, le taux de croissance moyen annuel est passé à 1,7 %/an sur la période 2010-2016 avant de repartir nettement à la hausse en 2017 (+3%).

La part du gaz dans le mix énergétique se maintient à 22 % en 2017, loin derrière le pétrole (32 %) et le charbon (27 %). Les énergies renouvelables poursuivent leur progression, bénéficiant d’une baisse des coûts qui les rend de plus en plus compétitives. D’après le dernier rapport de l’AIE sur les énergies renouvelables1, l’augmentation de la production d’électricité d’origine renouvelable dans les cinq prochaines années serait deux fois plus rapide que celle du charbon et du gaz réunis.

La production gazière mondiale a bondi de 4 % sur les trois premiers trimestres de l’année 2017, d’après les estimations provisoires de Cedigaz. Plusieurs grands pays producteurs ont accru leurs capacités de production en 2017 et cette tendance devrait se poursuivre dans les prochaines années.

En Russie, en 2017, la production de gaz naturel a enregistré une très forte hausse, estimée à 8 %, afin d’accompagner la forte croissance des exportations et de la demande domestique. Le projet Yamal LNG, en Sibérie arctique, a officiellement démarré le 8 décembre 2017. Aux États-Unis, les activités de forage et de production de gaz de schiste ont retrouvé de la vigueur. En 2017, les États-Unis sont passés d’un statut d’importateur net à celui d’exportateur.

Le GNL est aujourd’hui le secteur le plus dynamique de l’industrie gazière. L’année 2016 a mis en lumière le début d’une nouvelle vague d’expansion de l’offre commercialisée de GNL (+ 7 %). Celle-ci a gagné en intensité en 2017, avec un gain supplémentaire estimé provisoirement à 30 Mt (+ 11 %), la plus forte augmentation jamais enregistrée depuis 2010.

Les prix du gaz, qu’ils soient indexés ou non indexés sur le prix du pétrole, ont évolué à la hausse en 2017

Transport maritime du Gaz Naturel Liquéfié

Dans son rapport annuel, publié le 15 avril 2018, Monsieur Jean-Marie DAUGER, Président du Groupe International des Importateurs de Gaz Naturel Liquéfié [GIIGNL] écrit :

«  Les importations mondiales de GNL en 2017 ont enregistré leur plus haut taux de croissance annuel (+9,9%) depuis 2010, atteignant 289,8 MT.

Malgré plusieurs démarrages retardés, de nouvelles capacités de liquéfaction du gaz naturel ont  continué à venir en ligne dans divers régions du monde allant des États-Unis, à l’Australie, la Malaisie et à la  Russie, conduisant à une augmentation de l'approvisionnement en GNL de 26,2 MTPA par rapport à 2016. Le surplus de GNL et des prix déprimés prévus pour 2017 ne se sont pas matérialisés, la hausse des importations en Chine a contribué de manière substantielle à équilibrer le marché».

Les principaux ajouts à l'approvisionnement en GNL sont venus d’Australie et des États-Unis où la production des trains mis en service en 2016 a continué à monter en puissance et un total de 5 nouveaux trains de liquéfaction ont été inaugurés :

  • Gorgon Train 3, Wheatstone Train 1 en Australie
  • Sabine Pass Train 3 et Train 4 aux États-Unis
  • Yamal LNG Train 1 en Russie

Le graphe suivant montre le développement  ou les replis des capacités de production de divers sources d’approvisionnements :

On constate que les sources où le gaz est généralement contracté à long terme perdent des quantités importantes : moins 2,1 MTA  pour le Qatar. Les prix des quantités contractées à long terme sont le plus souvent indexés sur le prix du baril de pétrole du moment.

On dénombre 511 méthaniers à la fin de l’année 2107 dont 28 FSRUs et 38 d’une capacité inférieure à 50,000m3

Les méthaniers Larbi Ben M’Hidi et Bachir Chihani, d’une capacité de   de 129 750m3, construits respectivement, en 1977 et 1979, par les Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée [CNIM] ont été ferraillés en 2017.

Les systèmes de confinement et d’isolation à membranes continuent de dominer le marché :

Répartition par système de confinement de la flotte mondiale de méthaniers (Source GIIGNL)

Le premier projet de FLNG [Floatting Liquified Natural Gas] au monde baptisé  « PFLNG Satu » a produit sa première goutte de GNL le 05 décembre 2016, à partir du gaz que cette unité flottante a extrait du champ gazier  KANOWIT situé au large des côtes de Sarawak en Malaisie.

La première cargaison a été chargée le 1er avril 2017sur un navire du type MOSS. «  PFLNG Satu » a une capacité de production de 1,2MTA , une longueur hors tout de 365 mètres et une largeur de 60 mètres. Le poids sec de la plateforme est de 132, 000 tonnes  et peut contenir dans ses cuves du type N0 96 177,000m3 .

Les prix du GNL au spot ont suivi un profil saisonnier similaire à celui de 2016 à l’exception des toutes  dernières semaines de 2017 durant lesquelles une forte augmentation a  été enregistrée suite à une forte demande chinoise et à une mauvaise météo en Asie du Nord-Est.

Les prix du GNL contracté, indexé sur les prix du pétrole, ont augmenté en raison de la hausse des prix du pétrole.

Les taux d'affrètement spot ont terminé l'année sur une tendance haussière, principalement motivée par la demande de navires pour transporter du GNL américain.

Le spot et le marché à court terme ont permis de transporter 77, 6 million de tonnes en augmentation de 2,1millions de tonnes par rapport à 2016. Le commerce de la réexportation pratiqué par  12 pays à destination de 20 autres a atteint 2,1 millions de tonnes en 2017.

L'environnement actuel des contrats et des prix n’est pas en faveur à de nouveaux développements : deux FID avaient été pris en 2016, un seul projet Coral  FLNG, au Mozambique (+3,4 MTPA, le premier Projet GNL développé en Afrique de l'Est) – était sanctionné en 2017

Du côté de la demande, le marché du GNL devient plus divers et plus complexe, avec un total de 40 pays qui importent du GNL de 19 pays. Malgré un prix compétitif  du GNL et nonobstant le développement des FSRU plus flexibles et dont la mise en œuvre et rapide, un seul pays - Malte - a commencé à recevoir du GNL l'année dernière. 

La plus grande partie de la croissance de la demande s'est produite en Asie, où les importations de GNL ont augmenté de 19,6 MT. Principalement influencée par l'orientation de la politique énergétique en Chine, en Corée et à Taiwan, la demande des acheteurs de l'Asie du Nord-Est a connu un fort rebond qui n'avait pas été anticipé au début de l'année.

Avec une augmentation de 42% de ses importations de GNL, la Chine prend la deuxième place d’importateur mondial de GNL devant la Corée du Sud, une conséquence directe de la politique du gouvernement chinois en consentant de nombreux efforts dans les secteurs résidentiel,  commercial et industriel pour restreindre la pénétration du charbon afin de réduire la pollution dans les zones urbaines.

2017 était une année pour les pionniers:

  • première usine de FLNG en ligne,
  • premiers navires de soutage de GNL opérant en Europe
  • premier GNL exporté de la région arctique.

Aussi significatif, la première grande commande, en Chine, par CMA CGM pour une série de  9 porte-conteneurs de 22,000 boites alimentés au GNL stocké dans des cuves isolées avec des confinements à membranes d’une capacité de 18,800m. Indiquant ainsi que les acteurs maritimes  des divers segments  du transport maritime  sont prêts à embrasser le GNL et à paver la voie de la mise en œuvre mondiale du GNL, à tous les  tonnages, comme une solution pour se conformer à MARPOL Annexe VI et réduire la pollution par  SOx , NOx et par des particules.

Sur  le plan de la propulsion sur les treize méthaniers conventionnels commandés en 2017 quatre ont été spécifiés avec des moteurs  deux temps, alimentés sous basse pression en « dual fuel » et développé par Winterthur Gas & Diesel [WinGD].

Le méthanier brise-glace «  Christophe de Margerie »  ouvre une nouvelle ère de navigation dans les mers du nord. Il s’agit du premier d’une série de quinze méthaniers construits par DSME  aux marques ARC7 c’est-à-dire des navires capables de briser des épaisseurs de glace de 2,5mètres.

 Le navire a effectué en août 2017, sans escorte,  la traversée de Hammersfest en Norvège jusqu’à Boryeong en Corée du Sud en 19 jours.

Référence :       Panorama 2018, IFPEN, janvier 2018

                        Cedigaz, 2017 Edition

 

PFLNG SATU- Premier FLNG en opération offshore de Sarawak sur le champ gazier de Kanowit

Méthanier brise-glace

Association Technique Maritime et Aéronautique © 2016 Tous droits réservés

MAGEEK Création de sites internet