Numéro : 2624 - Année : 2012
La propulsion au gaz naturel: un nouvel enjeu environnemental, économique et de sécurité.
Ludovic GERARD, CMA Ships – Marseille
Jean-Baptiste BOUTILLIER, Mathieu RENAUD, CMA Ships – Marseille
Yannick DAVIGO, Bureau Veritas – Direction technique Marine – Sécurité du Navire – Neuilly sur Seines
Christophe CAPITANT, Blandine VICARD, Bureau Veritas – Direction technique Marine – Sécurité du Navire – Neuilly sur Seines
La propulsion des navires non méthaniers pourrait connaître des changements majeurs à l’horizon 2015. Ces changements sont tout d’abord liés à une forte évolution sociétale poussant à réduire drastiquement les émissions dans l’atmosphère des gaz résidus de combustion. Cette tendance a été traduite par l’organisation maritime internationale (OMI) dans la révision de la MARPOL annexe VI qui est entrée en vigueur en juillet 2010. Cette nouvelle réglementation impose entre autres une division par dix des taux de SOx au sein des Emission Control Area (ECA). Le second facteur est le prix du combustible aux alentours de 700 dollars par tonne en mars 2012 pour le fuel lourd et dont la courbe de progression montre un gradient inéluctablement positif.
Confrontés à cette situation, les armateurs ont deux alternatives principales :
- Choisir un combustible « propre »,
- Installer des systèmes de traitement des gaz d’échappement.
Les faibles prix du gaz comparés à ceux du fuel et combinés avec de très faibles dégagements d’éléments polluants poussent tout naturellement à envisager la première alternative. Cependant il faut également mettre en perspective les aspects économiques, logistiques et de sécurité.
L’évaluation de la pertinence de l’option GNL en termes financiers doit être réalisée dans une approche « coûts complets ». Cette approche inclut l’investissement initial d’une propulsion gaz et les coûts liés à l’exploitation du navire : combustible et maintenance principalement (Life Cycle Costs). Enfin la sensibilité de la rentabilité de cette option doit être analysée en fonction d’un spectre étendu de couples prix du gaz/prix du fuel. Nous présenterons une étude réalisée par CMA CGM sur un projet de porte-conteneurs.
La logistique liée à l’approvisionnement du gaz fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études. En effet, l’utilisation du gaz naturel comme carburant implique des opérations de soutage régulières qui devront s’intégrer dans l’opération normale des navires. L’enjeu est donc de minimiser le coût, la durée de cette opération et les contraintes qu’elle engendre pour le navire et son environnement, sans pour autant compromettre la sécurité. Nous discutons plusieurs solutions techniques envisageables aujourd’hui pour le soutage de gaz naturel, leurs qualités en regard de la taille du navire et de son opération, les équipements à installer à bord et les infrastructures associées qu’il sera nécessaire de développer.
Au-delà du soutage, le stockage et l’utilisation de gaz naturel à bord de navires non spécialisés engendrent des risques spécifiques qui ne sont pour l’instant pas traités par la réglementation internationale. Devant l’intérêt porté à la solution gaz par le monde maritime et la multiplication des projets dans ce sens, l’Organisation Maritime Internationale a mandaté un groupe de travail pour rédiger le Code IGF – International code of safety for ships using gases or other low-flashpoint fuels - qui encadrera à terme l’utilisation de carburants à bas point d’éclair comme le gaz naturel pour la propulsion de navires non méthaniers.
Néanmoins, de nombreux projets de navires propulsés au gaz sont d’ores et déjà en cours de développement. Devant le flou règlementaire, il faut trouver des mesures compatibles avec l’opération de ces navires pour contrôler les risques gaz. Nous présentons des solutions possibles, étudiées sur la base des textes existants, des discussions en cours avec l’OMI et des analyses de risques effectuées pour chaque projet particulier.
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